Accélérer et démocratiser l'autopartage : le rôle de l'administration publique

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Dans cet article, nous explorerons le rôle crucial que l’administration publique peut jouer pour accélérer et démocratiser l’autopartage, en s’appuyant sur des mesures concrètes et des exemples pertinents. On s’inspire dans cet article d’ un des thèmes qui ont été abordés lors de la seconde édition de la Journée Nationale de l’Autopartage, le 27 mars 2024, auquel Openfleet a participé.

A travers les témoignages entendus lors de cet évènement, on a pu observer à quel point l’autopartage, une solution de mobilité urbaine durable, est un moyen efficace pour réduire la congestion des villes, les émissions de carbone et les coûts liés au transport individuel. Cependant, malgré ses nombreux avantages, son expansion ne se réalise pas à son plein potentiel dans de nombreuses régions et la France accuse encore un certain retard par rapport à d’autres pays comme l’Allemagne. Quelles sont les voies d’actions et améliorations possibles ?

Facilitation des Autorisations et Régulations autour de l’autopartage

Pour favoriser l’essor de l’autopartage, il est impératif que les autorités simplifient les démarches administratives et les règlements pour les opérateurs de service. En France, diverses mesures ont été prises dans ce sens, notamment avec la promulgation de la loi d’orientation des mobilités (LOM) à la fin de l’année 2019. Cette législation vise à faciliter l’accès des opérateurs aux zones urbaines et à standardiser les règles à travers le pays, favorisant ainsi une expansion harmonieuse de l’autopartage. Le code des transports, modifié par la LOM, accorde aux autorités organisatrices de la mobilité (AOM) la compétence pour réguler l’autopartage sur leur territoire. Ces autorités peuvent délivrer un label autopartage aux véhicules répondant à des critères prédéfinis, englobant notamment des aspects environnementaux ainsi que des standards de service tels que les systèmes de réservation ou l’entretien des véhicules. Ce label permet aux véhicules concernés de bénéficier de places de stationnement réservées, facilitant ainsi leur utilisation dans les zones urbaines.

Promotion de l’infrastructure dédiée à l’autopartage

Investir dans une infrastructure dédiée est une autre mesure essentielle pour soutenir l’autopartage. Des exemples concrets en France incluent les villes de Paris et Lyon, qui ont mis en place des zones de stationnement réservées aux véhicules partagés. Ces initiatives sont soutenues par des programmes de subventions et de financements publics visant à encourager les opérateurs à investir dans des flottes de véhicules propres et à fournir des services de qualité aux utilisateurs.

Soutien Financier et Incitatifs

Le soutien financier et les incitatifs fiscaux jouent un rôle crucial dans l’essor de l’autopartage. En France, des mesures telles que le bonus écologique et le superbonus pour les véhicules électriques bénéficient également aux opérateurs d’autopartage qui choisissent des véhicules propres pour leurs flottes.

Donner l’exemple

Les collectivités peuvent inciter le développement ultérieur de l’autopartage en donnant eux même l’exemple – soit en intégrant l’autopartage au sein de leur propre organisation, soit en offrant un service au grand public.

Regardons l’exemple de la métropole de Lyon qui a mis en route son propre service d’autopartage au grand public. L’objectif est d’avoir 1000 véhicules en 2026, tous classés Crit’Air 1 ou 0, et jusqu’à 3400 en 2030. Le service visera notamment les secteurs moins denses du territoire métropolitain, là où les initiatives privées sont freinées par le manque de rentabilité.

D’autres collectivités ont adopté l’autopartage comme solution pour les déplacements professionnels de leurs collaborateurs. C’est le cas par exemple du Département du Calvados.  En proposant l’autopartage dans un contexte professionnel, les collectivités contribuent à mieux faire connaître l’autopartage sous toutes ses formes et à sensibiliser la population sur les bienfaits de cette pratique de mobilité.  

Éducation et Sensibilisation à l’autopartage

La sensibilisation du public est un élément clé pour démocratiser l’autopartage. En France, des campagnes telles que Defi j’y vais !’ ont été lancées pour informer les citoyens sur les avantages des mobilités douces – incluant l’autopartage – en termes de coûts, de commodité et d’impact environnemental.

Le Défi « J’y vais ! », par exemple, vise à sensibiliser les habitants du Grand Est de la France sur l’impact environnemental des modes de transport et à encourager l’adoption de modes de déplacement plus durables. En effet, les transports sont responsables d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre en France, contribuant ainsi au changement climatique.

En incitant les élèves et les salariés à privilégier des modes de déplacement alternatifs tels que la marche, le vélo, le train, le bus ou le covoiturage, le Défi « J’y vais ! » cherche à réduire l’empreinte carbone associée aux déplacements quotidiens.

En encourageant les participants à essayer de nouvelles façons de se déplacer pendant trois semaines, le défi vise également à promouvoir des habitudes de déplacement plus durables à long terme. En effet, une fois que les gens ont eu l’occasion de tester ces modes de transport et de constater leurs avantages en termes de santé, de coûts et d’impact environnemental, ils sont plus susceptibles de les intégrer dans leur quotidien même après la fin du défi.

Les Jeux Olympiques de 2024 pourraient aussi fournir l’opportunité pour des campagnes et des incitations à l’autopartage, avec 5 millions d’usagers prévus sur cette période sans compter les touristes qui s’y rendront.

Encouragement des Partenariats Public-Privé

Les partenariats public-privé jouent un rôle crucial dans le développement de l’autopartage. En France. Ces partenariats peuvent également contribuer à l’intégration de l’autopartage dans les systèmes de transport public existants, offrant ainsi aux citoyens une gamme complète d’options de mobilité.

Les gouvernements et les fournisseurs de services d’autopartage partagent un objectif commun : rendre les villes plus habitables avec une mobilité durable. Cet objectif nécessite une collaboration étroite entre les deux parties. Il est également crucial que les prestataires d’autopartage soient considérés comme des partenaires des municipalités et des collectivités locales.

Un exemple concret se trouve à Madrid, en Espagne. Les habitants sont désormais encouragés à participer à des programmes d’autopartage plutôt qu’à posséder leur voiture individuelle, favorisant ainsi une mobilité plus respectueuse de l’environnement. Ainsi, chaque citadin de Madrid se débarrassant de son véhicule ancien (âgé de plus de 10 ans) reçoit une prime de plus de 1000€, spécifiquement destinée à l’utilisation des services d’autopartage au cours des deux années suivantes. Madrid a mis en place des espaces de stationnement dédiés à l’autopartage en free-floating dans des endroits stratégiques de la ville. Cette mesure vise à promouvoir la mobilité multimodale, ce qui est particulièrement bénéfique pour les habitants de la périphérie de Madrid. En parallèle, les acteurs du marché se sont engagés à compléter cette incitation par des offres spéciales adaptées. Cette initiative gouvernementale, en reconnaissant les avantages de l’autopartage pour l’environnement, envoie un message clair : la nécessité de réduire le nombre de véhicules en circulation pour améliorer la qualité de vie des citadins.

En conclusion, l’administration publique joue un rôle central dans l’accélération et la démocratisation de l’autopartage en France. En simplifiant les réglementations, en investissant dans une infrastructure adaptée, en offrant des incitations financières, en sensibilisant le public et en encourageant les partenariats public-privé, les autorités peuvent contribuer à faire de l’autopartage une pratique plus répandue et accessible à tous, pour le bénéfice de l’environnement, de l’économie et de la société dans son ensemble. On rappelle aussi que L’Association des Acteurs de l’autopartage a  publié en novembre 2021 un guide à l’attention des territoires qui souhaitent développer l’autopartage sur leurs territoires.